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Qualité de l’eau : soyez source de conseils

Les zones de captages d’eau potable nécessitent une vigilance particulière. Les coopératives et négoces peuvent jouer un rôle majeur pour concilier sur leurs territoires protection de la ressource en eau et activités agricoles.

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La réglementation européenne impose une teneur en nitrates dans l’eau distribuée inférieure à 50 mg/l, et une présence de pesticides inférieure à 0,1 µg/l pour une molécule seule, à 0,5 µg/l pour la totalité des molécules. Pour y parvenir, l’État a identifié, parmi les 30 000 captages d’eau présents en France, 500 captages prioritaires, dits « Grenelle » depuis 2009, et 500 issus de la Conférence environnementale de 2015, auxquels s’ajoutent des captages dits « sensibles ». « Les aires d’alimentation de captage peuvent aller de moins de 200 ha à plus de 10 000, et elles peuvent concerner de quelques agriculteurs à plus de 300 », précise Charlotte Salmon, chargée du dossier eau à Easi’Nov, structure de conseil créée par les coopératives de l’Oise, Agora et Valfrance.

1Participer aux discussions

Après délimitation du périmètre du bassin d’alimentation d’un captage par un hydrogéologue, un comité de pilotage est mis en place avec la mission d’élaborer des programmes d’action. Il associe de nombreux acteurs dont la DDT, l’agence de l’eau, les collectivités locales, communes ou syndicats des eaux, la chambre d’agriculture… « Nous y invitons systématiquement les coopératives agricoles », souligne Xavier Jamin de l’agence de l’eau Seine-Normandie (lire ci-dessous). Mais ce n’est le cas partout. « Quand je suis arrivée, j’ai sollicité les différents comités de pilotage des bassins présents dans la zone de collecte de nos coopératives, remarque Charlotte Salmon. Dans certains territoires, j’y suis bien intégrée, mais dans d’autres, moins. »

2Faire comprendre ses contraintes

« C’est pourtant important, pour se comprendre mutuellement, indique-t-elle. De notre côté, nous essayons d’être partie prenante pour nous assurer que les contraintes de nos adhérents sont bien prises en compte. » Les directives nitrates imposent aux agriculteurs des obligations à respecter dans les zones vulnérables et les zones d’action renforcée. Mais ce n’est pas le cas des plans d’action des aires de captage. « Si les actions que nous proposons sont trop contraignantes, elles ne seront pas suivies, note Xavier Jamin. Dans notre région, ce sont surtout les nitrates qui posent problème, et parmi les phytos, les herbicides. Ils sont en général appliqués pendant les périodes où il pleut et sur sols peu couverts, alors que fongicides et insecticides sont utilisés quand il fait sec et sur des cultures plus développées. »

3Monter des filières

Les comités de pilotage aimeraient surtout voir se développer dans les bassins d’alimentation de captage le bio et les cultures à bas niveaux d’intrants, comme la luzerne ou le sarrasin. Mais l’aspect économique est aussi essentiel. « Il faut que ces cultures soient rémunératrices pour les agriculteurs, commente Charlotte Salmon. C’est pourquoi les coops essaient de mettre en place des filières avec des débouchés bien étudiés à la clé. Les agriculteurs peuvent aussi se regrouper pour progresser au sein de GIEE. Chez Agora, deux ont vu le jour dans les bassins de captage de Baugy-les-Hospices et de Boran-sur-Oise dont la coopérative assure l’animation. »

4Accompagner sur le terrain

« Lorsque les techniciens des coops et négoces vont chez un agriculteur, il est essentiel qu’ils sachent s’ils sont situés ou pas dans une zone d’alimentation de captage pour adapter leurs conseils », insiste Xavier Jamin. Ce qui nécessite une bonne communication au sein des entreprises. « Le dossier bassin d’alimentation de captage n’est pas géré par une seule personne, confirme Jérémy Denis, responsable appro chez Valfrance. C’est au contraire l’affaire de tous, le pôle amont bien sûr, mais aussi aval, pour valoriser les productions issues de ces zones, et les équipes terrain qui vont apporter le conseil. »

5Bénéficier d’aides

Dans les aires de captage, les agences de l’eau disposent de budget pour financer l’animation sur le terrain. « Les chambres d’agriculture et les coops en bénéficient, indique Xavier Jamin. C’est le cas d’Agora, pour l’animation de ses deux GIEE. » Elles participent au financement des Maec, mesures agroenvironnementales et climatiques, et du PCAE, plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (équipements, haies, agroforesterie…), mais aussi d’actions prévues dans le cahier des charges d’un plan d’action, et de projets plus ponctuels pour lesquels des agriculteurs ou groupes d’agriculteurs peuvent les solliciter, pourquoi pas via leur organisme stockeur.

Blandine Cailliez

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